Pourquoi les garçons ont plus de mal à l’école
[Le Parisien, 07.12.2009]
Moins assidus et moins performants, les garçons éprouvent plus de difficulté à l’école, à tous les âges. Et si c’était la faute du système scolaire, désormais mieux adapté aux filles ?
A l’âge adulte, les hommes se taillent les plus belles places au soleil des entreprises, de plus hauts postes et de meilleurs salaires. Mais avant d’en arriver là, à l’école, ils ne sont pas à la fête ! Au sein du système scolaire, non seulement ils essuient les quolibets des filles, qui les trouvent « bêtes » en fin de primaire, mais ils sont carrément le sexe… faible ! Brimés, sans que personne s’en rende compte.
En danger, ils courent à l’échec, si l’on ne différencie pas la façon d’enseigner.
C’est ce que révèle l’historien et directeur adjoint de l’IUFM (institut universitaire de formation des maîtres) de Créteil (Val-de-Marne), Jean-Louis Auduc, dans un livre qui vient de paraître, au titre alarmant : « Sauvons les garçons ! » C’est en se plongeant dans toutes les études et statistiques qui mesurent la réussite scolaire, et en les épluchant sous l’angle de la différence garçon-fille, que le chercheur a mis au jour la « douloureuse adaptation » masculine au système scolaire… et l’inadaptation de l’école aux garçons.
Ils finissent parfois par lâcher prise
Plus mauvais en lecture, dès le départ. Massivement représentés parmi les « décrocheurs », ces élèves qui baissent définitivement le rideau sur les études et une qualification en fin de scolarité obligatoire. Moins performants au bac… Frappante, la différence des performances filles-garçons à l’école n’a rien à voir avec la génétique, rassure Jean-Louis Auduc. Ouf !
« C’est vrai que les garçons travaillent moins bien et font plus de bêtises en classe », constate Claire, petite élève modèle de CM 1 : « En fait je ne pense pas qu’ils sont plus bêtes. Mais c’est comme si… ils voulaient faire leurs intéressants. » Résumé à l’aune de la réflexion d’une fille de 9 ans montée en graine, c’est exactement ce symptôme, qui finit par conduire à l’échec, selon l’étude de Jean-Louis Auduc. Si les garçons sont plus turbulents, moins attentifs, ça remonte à loin. Et cela tient à une série de raisons, à une mentalité encore très sexuée, à la maison comme à l’école. A force de ne pas se sentir à l’aise, dans l’environnement hyper féminin de l’école, quand leurs modèles masculins sont ailleurs, ils finissent par lâcher prise.